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E-critures
14 mai 2008

Au delà du réel

Aujourd’hui, j’ai ouvert la porte et je suis sorti.

pynchon

    Aujourd’hui, je me suis levé tôt, je me suis préparé très vite, je n’ai pas pris de petit déjeuner, j’ai ouvert les volets, j’ai pris mes clefs et je suis sorti.

pynchon

 Aujourd’hui, je me suis levé plus tôt que d’habitude, je me suis habillé tout de suite, je n’ai pas pris de douche comme d’habitude mais j’ai ouvert les volets, ça a fait beaucoup de bruit, le soleil brillait, une belle journée commençait, je n’ai pas pris de déjeuner, juste un verre d’eau, j’ai pris les clefs sur le meuble et je suis parti.

pynchon

Aujourd’hui, la sonnerie du réveil a retenti plus tôt que d’habitude, je ne pouvais arriver en retard à mon rendez-vous, je me suis levé aussitôt, le premier pied que j’ai posé sur le plancher a été le droit, je me suis habillé : j’ai enfilé un t-shirt gris et le jeans que j’avais déjà porté la veille, j’ai voulu me servir un grand verre d’eau mais je n’y voyais rien, j’ai ouvert les volets, ça a fait beaucoup de bruit, je me suis dit que j’avais peut-être réveillé les voisins et je me sentais désolé pour eux, un peu gêné, je n’ai pas déjeuné, j’ai juste bu mon verre d’eau, j’ai pris les clefs sur la grande étagère, j’ai ouverte la porte et je suis sorti.

pynchon

Aujourd’hui, je me suis levé plus tôt que d’habitude, la sonnerie du radio réveil m’a tiré hors d’un rêve qui devait être particulièrement étrange, je ne me souvenais plus de rien, seul restait une sensation bizarre au fond de ma bouche, ni désagréable, ni agréable, juste comme je n’en avais jamais ressentie auparavant. J’ai ouvert les yeux et coupé la sonnerie, j’ai levé la main sans doute rapidement et l’ai posé sur le couvercle du réveil cubique rouge pour l’éteindre. Je l’ai ensuite ramené sur la couette du lit que j’ai soulevée d’un geste ample en levant le haut de mon corps pour m’extraire hors du lit. Pendant un instant, assis au bord du lit les pieds en suspension, je n’ai pas pensé à rien, si j’avais été filmé à ce moment, je l’aurais été le regard vide. Puis j’ai posé le pied droit en premier sur le plancher. Je suis resté un moment immobile, droit, j’ai baillé et me suis étiré, pas complètement, par réflexe, je me suis dirigé vers le placard où sont rangés mes vêtements et j’ai mis un caleçon puis des chaussettes, j’ai ôté le t-shirt avec lequel j’avais dormi et l’ai remplacé par un propre et gris qui était celui le plus en haut dans ma longue pile. J’ai jeté sur le lit le t-shirt sale. Après je me suis tourné vers la chaise roulante contre le bureau et j’ai attrapé le jeans que j’avais posé la veille sur le dossier, je l’ai enfilé. Je me suis dis qu’un pull n’était pas nécessaire. Le soleil filtrait par les volets. Je me suis dirigé vers la cuisine et j’ai voulu me servir un verre d’eau. Je suis arrivé devant l’étagère où est rangée ma vaisselle, j’ai tendu la main mais je me suis rappelé qu’il restait un verre dans l’égouttoir au-dessus de l’évier. J’ai rabaissé mon bras, je suis allé vers la cuisine. Elle n’est pas très grande. Je suis passé juste à côté d’une fenêtre. Les volets étaient fermés. J’ai ouvert la fenêtre, j’ai ouvert les volets, le loquet résistait, j’ai du forcer et tout d’un coup il a lâché, mais ça a fait beaucoup de bruit, j’ai eu peur d’avoir réveillé les voisins, en repliant les volets j’espérais silencieusement ne déranger personne. J’ai laissé la fenêtre ouverte, un soleil radieux entrait dans l’appartement et j’ai ouvert les volets de la deuxième fenêtre, en essayant de faire moins de bruit. Je suis retourné au meuble à vaisselle. J’ai pris un verre. Je l’ai rempli avec de l’eau du robinet. J’ai levé la tête et j’ai vu l’égouttoir et le verre qui y était posé. J’ai pesté mentalement. Le verre plein d’eau à la main, je suis retourné près de la première fenêtre, j’ai bu debout, lentement mais en une seule fois l’intégralité du contenu du verre. Je l’ai posé sur la table juste à côté. Un peu fort. Je suis parti vers l’entrée. J’ai mis mes chaussures. J’ai pris mon téléphone portable et mon portefeuille qui traînaient sur la table. J’ai cherché un instant mes clefs. Finalement je les ai trouvé sur le pseudo-vaisselier entre les assiettes et les bandes dessinées. J’ai fermé les fenêtre et regardé l’heure, n’en ai retenu que les minutes : 28. Deux minutes d’avance. Le temps de descendre les escaliers. J’ai ouvert ma porte d’entrée, hésité un dernier moment, puis je l’ai fermée le plus doucement possible, ai enfoncé la clef dans la serrure, tourné un coup, la porte verrouillée, je suis parti.

pynchon

 Aujourd’hui bien que rien ne prouve scientifiquement que ce soit le dernier jour de l’humanité, je me suis levé plus tôt que d’habitude, la sonnerie du radio réveil m’a tiré hors d’un rêve qui devait être particulièrement étrange, je ne me souvenais plus de rien, seul restait une sensation bizarre au fond de ma bouche, ni désagréable, ni agréable, juste comme je n’en avais jamais ressenti auparavant. Ce n’était pas un signe assurément, néanmoins il ne m’arrivait jamais de rêver sans que quelque chose de très grave se produise. J’ai ouvert les yeux et coupé la sonnerie, soudain j’ai eu une vision, une ombre noire à la forme indistincte est passé très vite, j’ai levé la main rapidement pour la chasser et l’ai posée finalement sur le couvercle du réveil cubique rouge, profitant du geste pour couper la sonnerie. Je l’ai ensuite ramené sur la couette du lit, j’ai baissé les yeux pour voir si je ne voyais rien de suspect, j’ai tiré doucement d’abord la couette, rien d’anormal puis d’un coup, d’un geste ample. Une étrange créature rôdait sur mon ventre. Je ne sentais rien mais elle était là aussi grosse qu’un gros chat, à gesticuler sur mon ventre. Je me suis relevé doucement. Pendant un instant, assis au bord du lit les pieds en suspension, je n’ai plus pensé à rien, si j’avais été filmé à ce moment, je l’aurais été le regard vide. J’étais terrifié. Quelle était donc cette mystérieuse créature, que faisait-elle là, pourquoi ne ressentais-je pas le moindre contact. Etait-ce une manière de m’aspirer ma vie, un peu comme les moustiques anesthésient avant de piquer. Puis j’ai posé le pied droit sur le plancher. Je suis resté un moment immobile, droit, j’ai à nouveau baissé les yeux, il ne restait plus rien, surpris je me suis mis à faire comme si tout allait bien, c’est un peu stupide mais j’ai eu l’impression que la meilleure arme qu’il me restait face au surnaturel était encore de reproduire le quotidien : j’ai baillé et me suis étiré, pas complètement comme par réflexe, je me suis dirigé vers le placard où sont d’habitude rangés mes vêtements, j’y ai surpris la terrible créature, elle me regardait de ses yeux rouges. J’ai fait semblant de ne pas la voir et j’ai mis un caleçon puis des chaussettes, elle me regardait et je faisais tous les efforts du monde pour cacher mes tremblements j’ai ôté le t-shirt avec lequel j’avais dormi et l’ai remplacé par un propre et gris qui était celui le plus en haut dans ma longue pile. Je suis passé très près de la gueule du monstre. J’ai cru sentir son haleine. L’odeur était infernale, insupportable et pourtant c’était comme si elle émanait d’un autre monde ou d’un autre temps. Je me disais, « maintenant c’est sûr, l’humanité touche à sa fin ». J’ai jeté sur le lit le t-shirt sale. Après je me suis tourné vers la chaise roulante contre le bureau et j’ai attrapé le jeans que j’avais posé la veille sur le dossier, je l’ai enfilé. Je remarquais toujours le halo rouge des yeux de la créature démoniaque. Qu’attendait-elle pour se jeter sur moi ? Je n’eus pas assez de courage pour aller chercher un pull. Le soleil filtrait par les volets. Je me suis dirigé vers la cuisine, le plus loin possible du monstre et j’ai voulu me servir un verre d’eau. Je suis arrivé devant l’étagère où est rangée ma vaisselle, j’ai tendu la main, j’ai senti la présence du monstre juste à côté, je me suis alors rappelé qu’il restait un verre dans l’égouttoir au-dessus de l’évier. J’ai abaissé mon bras, je suis allé vers la cuisine. Elle n’est pas très grande. Je suis passé juste à côté d’une fenêtre. Les volets étaient fermés. Peut-être que la lumière chasserait la créature. J’ai ouvert la fenêtre, j’ai ouvert les volets, le loquet résistait, j’ai du forcer et tout d’un coup il a lâché, mais ça a fait beaucoup de bruit, j’ai eu peur d’avoir réveiller les voisins, en repliant les volets j’espérais silencieusement ne déranger rien ni personne. Car je ne savais pas et ne voulait pas savoir ce qu’était, littéralement, devenu mes voisins mais le paysage dévasté que j’apercevais ne laissait rien inaugurer de bon. Les très rares bâtiments tenant encore debout étaient la plupart du temps cramoisis, ce qui ressemblait à des corps traînait par terre, quelques étages plus bas, l’un d’eux paraissait bouger. J’ai laissé la fenêtre ouverte, un soleil brûlant entrait dans l’appartement et j’ai ouvert les volets de la deuxième fenêtre, en essayant de faire moins de bruit. Plus de signe du monstre dans l’appartement. Je suis retourné au meuble à vaisselle. J’ai pris un verre. Je l’ai rempli avec de l’eau du robinet. Etrange que l’eau fonctionne encore, quand ce ne sera plus le cas, il me restera au maximum deux jours à vivre. J’ai levé la tête et j’ai vu l’égouttoir, le verre qui y était posé, et la créature. Elle me regardait et j’ai compris qu’elle s’apprêtait à passer à l’action. Elle s’amusait avec moi depuis tout à l’heure. Sadique comme la plupart de ses compères, mon petit manège avait dû l’intriguer mais intelligente, elle commençait à comprendre mon subterfuge.  J’ai pesté mentalement. Le verre plein d’eau à la main, je suis retourné près de la première fenêtre, j’ai bu debout, lentement mais en une seule fois l’intégralité du contenu du verre. Qui sais combien de verre encore je pourrai boire ! Je l’ai posé sur la table, juste à côté se tenait le monstre, il avait du mal à se contenir, sa langue sortait de sa bouche, il gonflait et s’ancrait de plus en plus dans ma réalité. Une odeur puante, intenable gagnait la pièce. Je suis parti vers l’entrée. J’ai mis mes chaussures. La créature croissait à côté. J’ai sauvé mon téléphone portable et mon portefeuille qui traînaient sur la table. J’ai cherché un instant mes clefs. J’ai couru vers ma porte, je l’ai fermée sans la claquer et je suis parti.

pynchon

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Commentaires
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C'est excellent ! Génial ! J'aime les textes qui se répètent sans le faire, et qui, autour d'un tronc commun, partent en tous sens pour créer des fictions totalement différentes ! Une belle preuve de maîtrise du texte !
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