Résidence en ville ? #05
Le cabanon qu’éclairait difficilement sa lampe de poche aux piles neuves était tout en bois. A cause de l’humidité qui la recouvrait, elle luisait et renvoyait en grande partie la lumière électrique. La réfraction l’aveuglait et elle éprouvait quelque difficulté à attraper la poignée de porte. Déjà qu’en règle générale elle n’était pas très adroite, ajoutez à cela une torche dans une main et un rouleau de papier toilette–dont nous avions tu l’existence jusqu’à maintenant pour préserver le lecteur- dans l’autre, vous comprendrez certainement très aisément comment elle fit pour, au moment où elle parvenait enfin à ouvrir la porte et que celle-ci assenait à ses oreilles un grincement qui contrastait fortement avec le silence nocturne, lâcher la lampe et se retrouver l’espace d’un instant plonger dans le plus noir des noirs qu’elle avait jamais vu… ou plutôt le plus noir des noirs qu’elle avait jamais manqué de voir. Le pire et sans doute le plus monstrueux, c’était que cette subite obscurité s’était immédiatement accompagnée d’une, si ce n’est ineffable, en tout cas difficilement communicable tant la répugnance qu’elle suscitait était grande, odeur.
Aussitôt, c'est-à-dire après une éternité, elle avait récupéré la lampe, l’avait rallumée et braquée aussitôt devant elle. Ce qu’elle vit, ce n’était pas un ZOMBI. Non, toujours pas de ZOMBIS. Mais c’était presque pire... Sur les toilettes, devant, en dessous, à côté, au dessus, des restes de choses dont il ne valait mieux pas savoir la provenance étaient incrustés un peu partout et faisait l’affront de leurs multiples mais complémentaires puanteurs, aux narines des voyageur de tous bords, qui après de dures journées étaient sans doute pressés de se soulager et, vu l’état du cabanon, on comprenait qu’ils devaient être très pressés. La prochaine fois, elle resterait en ville.