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E-critures
31 mars 2008

Cy Twombly, Untitled 2005 (Bronze)

Twomblybronze2005 twombly02

 Devant moi se dresse une forme à l’allure bétonneuse. Une de ces antennes télé dont la ferreté aurait été remplacée par la pierreté. C’est plus haut qu’une femme c’est sûr. Si on regarde un peu plus calmement, on remarque que la structure se décompose en trois parties principales.

Partie1Twombly

   Tout en haut, une tige de fer, sale, recouverte de peinture, accroche les hauteurs, s’arqueboute dans un élan de fierté, rappelle la guimbarde et je tends l’oreille mais ne perçoit que le MP3yen Rite of spring qui passe dans mon casque.

partie2Twombly partie2aTwombly

 Ensuite, au centre, un bloc de béton, arqué du côté droit (bien sûr ça dépend), le côté gauche droit mais pas non plus la perfection (le tout réalisé de manière non pas gauche, au contraire -très adroitement). Il s’étend et l’arc l’aide timidement, le pousse à se heurter au plafond. En douceur, de manière biaisée. Le pousse à caresser le plafond, non à le creuser. Un ongle contre un tableau. Crisse. Twombly. Quelle taille cette partie ? 1m50, 1m70 ? Peut-être. Il y a une petite accroche de là où je regarde en bas à gauche. Dans la courbure de l’arc, il y a trois étapes. Disons que si on convertissait en pistes de ski, l’étape la plus basse : une piste noire déjà ardue, vertigineuse, la partie du dessus : du hors piste, le pire que t’es vu dans les pires vidéos et la partie extrême, la mort qui tue, plus du ski mais du suicide quand tu te jettes de l’hélicoptère avec un parachute et que t’appelles quand même ça skier. Le tout est bancal. Parce que ça ne tient pas très bien sur la troisième partie.

partie3Twombly

 Une troisième partie que est en fait un gros cube voire un parallélépipède de base rectangulaire. Il faudrait que je me déplace pour confirmer. Plus tard. A priori cette dernière partie me semble ennuyeuse, moins intéressante que le reste. Ce qui a l’air cool là-dedans c’est le contraste entre la régularité des traits de cette partie et la banca(bi)lité de la partie supérieure. Ca a un peu ce côté posé à l’arrache. Cette légère tendance à se laisser pencher vers la droite (ou pas à cause de l’antenne qui produit du doute), c’est sans doute tout l’intérêt de cette œuvre. L’aspect béton qui rajoute l’idée d’écrasement fait d’autant plus craindre ce basculement. Bon, je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une œuvre qui fait peur mais qui collent deux trois poils contre mon pull au niveau de l’échine quoique… pourquoi pas ?

 C’est simple et c’est merveilleux. J’ai wik’entendu que l’auteur avait une formation très classique. J’y pense. On y retrouve du Achille, fier et un peu faible parce que ce n’est pas un dieu. Et si finalement c’était son talon que le piquant cherchait à atteindre ! L’orgueil,  l’hybris, le destin légèrement plié. L’inéluctabilité. La fatalité pétante.

 Deux choses, encore au moins me reste à dire. La première c’est au niveau de la couleur, de la non-couleur aurai-je presque tendance à dire. Mais ce sont de mauvaises habitudes d’avant, d’avant d’avoir vu des monochromes qui m’ont vertement, blanchement, noirement, bleument engueulé et repris, m’ont fait me soucier plus sérieusement des nuances. Donc les couleurs : d’abord le blanc, mais le blanc giacométtique vieilli, rugueux, râpeux beige-gris métaphysiquement et brillament industrialo-inquiétant. Ce gris-blanc-beige là avec du vert-noir-gris. Fade. La peinture de ma salle de bain pas encore achevée. Un léopard-hangar abandonné, désaffecté. Le blanc me rappelle aussi un peu de Staël dans la touche. Je regarde attentivement, plisse les yeux. Rien n’apparaît. Sinon le charme alarmant de cette couleur urbaine et vile kandinskiment spirituelle. Jaunie par une lumière juste au-dessus et jaunie par la présence de la blancheur-blantifrice juste à côté qu’une lumière néoneuse ultra-blanche vient encore renforcer. Aux dentistes, je l’expliquerai ainsi : une dent de fumeur à côté d’une dent de séducteur dessin-animeux. Ca, c’était la première chose.

 La seconde maintenant concerne la partie supérieure. J’ai été un peu vite tout à l’heure dans le désir de tirer une sensation générale. Je pose mon stylo quelques instants et je scrute. La partie antenne ferreuse- je dois vérifier que j’ai bien lu bronze tout à l’heure parce que c’est troublant, on dirait vraiment du fer. Aux services secrets américains je le commenterai ainsi : un bout de bâtiment à côté du World Trade Center. Un autre bâtiment plus pourri avec des gens plus pauvres qui se serait effondré en cachette et dont nous seuls connaîtrions l’existence parce qu’on fait partie des services secrets et qu’il faut bien que ça serve à quelque chose. Donc le fait que la tige qui dépasse résiste à la plus ou moins concision du bloc de béton deuxième partie rend tout beaucoup plus passionnant, et je le sens et le sais, je n’arriverai pas à le dire, c’est sans doute ça qui est la base du génie de ce bout de bâtiment secret de New York. Ce ça que je n’arrive pas à communiquer et auquel il faudrait néanmoins rajouter un peu de bancalité (rapport deuxième-troisième partie), le tout comme de la viande crue avec toujours le hangar désaffecté. En bref, ça gratte comme du plâtre et on n’entend plus mouches volées parce qu’elles sont mortes.

Post sciptum : Vérifié, c’est du bronze.

En faisant un tour, ai pu constater qu’au moins deux éléments capitaux sont négligés dans mon commentaire : des inscriptions gravées difficilement lisibles et l’attache (comme une latte de bois, trois lattes en fait, une plus grande et deux plus petites avec des clous qui dépassent façon brico-démo-lution) que l’on remarque quand on se place face au côté gauche et qui relie la partie deux à la partie trois.

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Commentaires
G
Merci d'avoir laissé un commentaire après ce long post, c'est courageux de ta part.<br /> Hier j'étais en train de regarder ton face book depuis celui de quelqu'un d'autre et je me disais qu'il fallait vraiment que je retrouve l'adresse de ton blog pour venir te commenter, comme quoi. <br /> Le monde est...coïncidincieux.<br /> Il me semble qu'il y a quelque chose de nouveau qui se passe avec la série (R)Eva mais je n'ai pas regardé, si c'est à ça que tu fais référence... déconseille le moi si ce n'est pas à la hauteur de la série.<br /> J'ai eu mal à la vie à cause de la médiocreuté des films.
F
J'ai rattrapé mon retard en lisant deux pages de folie scripturale. <br /> Des textes déroutants comme des itinéraires sans ponctuation.<br /> Je comprends que les commentaires soient rares, parce que la seule question qui se pose devant tes textes c'est : "d'où ça vient ?".<br /> continue tes expériences de grand bêta ;-) en attendant je vais finir de regarder Evangelion.
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