Poussière d'enfant
Dans la brume on entendait un enfant crier. A moins que ce ne soit le vent. Il se frottait le visage de ses petits poingts pour y sécher les larmes. Elles dégoulinaient de son nez. De ses oreilles. De ses mains. Un mouchoir imbibé planait. Le ciel était blanc, tout autour était blanc. Un grand brouillard. Ensorcelant. Magique. Le lacet de sa chaussure défait.
Il pleurait de plus en plus fort. Je faisais de grands gestes. Il ne me voyait pas. Pourtant je me trouvais à seulement deux mètres. Je me résignai à lui parler. Mais dès que j’eus ouvert la bouche, l’humidité en moi s’engouffra et me rendit aussitôt aphone. Stupéfait je demeurai immobile me demandant quel subtile maléfice entourait cet enfant.
A ce moment le mouchoir s’abattit sur mon visage. J’eus l’impression d’étouffer. Je me débattis. Contre mes draps blancs. Le plafond l’été. Comme ce nouveau matin. Collé sur mon frigos un post-it jaune me rappelait. Ne laisse pas l’enfant pleurer.