Misère
Il tend la main. Le tintement de trois pièces. La dernière roule sur le trottoir mouillé.
Pas la bonne saison. Il fait froid. Le vent souffle.
Les yeux brillants. Regarde derrière l’horizon. Il dort sur un banc.
Les couvertures trouées. Chassé après le dernier métro.
Je déchire les énormes panneaux publicitaires qui sont une insulte à mon humanité. Je parle fort et je suis bourru. Quand personne ne me regarde j’ai l’air triste. Moi ton frère humain. Pas besoin d’aller bien loin pour un de ses cousins retrouvé congelé. Je dors en bas de l’appartement vide que tu ne loues pas.
Je suis la crotte de chien dans l’ombre de la poussette sur laquelle est déjà posé l’un d’entre nous.
Installé sur mon banc, vous êtes les passanrs, cependant c’est bien moi qui cette nuit ne passerait pas.
Je tousse et le sang dans ma bouche, je le cracherai volontiers à ton visage.
Mais tu n’oses même pas me regarder en face.
Je suis le cadavre sur ton paillasson.
En ce long mois d’hivers un peu de chaleur,
L’impôt sur l’égocentrisme me rendrait heureux.
Je me couvre d’un vieux carton mouillée sur lequel un viel article de journal promet
La fin de la misère.