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E-critures
29 août 2007

Les brèves de supermarché 4

Vous avez sans doute remarqué que dans tous les supermarchés on pouvait trouver un vendeur particulièrement gentil et aimable, toujours le sourire et capable de répondre à n'importe laquelle de vos questions : «de l'eau pour nourisson? Non pas la peine de vous déranger» et il vous la ramène.

J'avais pris l'habitude lors de mes pérégrinations de «chasser» le «vendeur modèle».

Le jeu m'amusait tellement qu'avec mes amis, nous nous amusions certains week end, l'air de rien, en bon citoyen, dans un grand magasin, à  deviner qui de nous le premier finirait par le trouver. Et je dois avouer, modestie prend un coup, que j'étais plutôt bon à ce jeu.

Chef de file d'un mouvement qui de jour en jour croissait, je me proposais à l'occasion d'un voyage d'affaire de partir vérifier, s'il en allait de même à l'étranger. Quelle ne fut pas ma surprise quand dans un rayon fromagerie, je retrouvais le même vendeur modèle que celui qui, tous les mardi soirs de ces bons conseils, m'aidait à remplir de mille et une manière mes placards, frigo et congélo.

-Tiens c'est vous, quelle surprise, je ne savais pas que vous aviez déménagez, depuis quand travaillez-vous ici?

-Bonjour monsieur, je suis bien embêté, vous me parlez comme si je vous connaissez et j'ai beau réfléchir, je ne vois pas qui vous êtes.

Surpris, je me grattais le sommet de la tête. Ils se ressemblaient pourtant comme deux gouttes d'eau.

-Avez-vous un frère jumeau?

-Non monsieur, je suis né ici, dans cette ville même, mon père aussi, ainsi que toute ma famille.

Il parlait avec un accent qui ne pouvait mentir cette langue qui bien que mienne, ici  était étrangère (les vendeurs modèles connaissent toujours les langues avec lesquels on les aborde).

Déconcerté je m'en allais, sans même avoir pris le temps d'acheter quelque chose. Peu après cet étrange évènement, je rentrais chez moi, et déterminé à expliquer l'inexplicable, je me rendais dans mon supermarché. Je retrouvais mon vendeur préféré, identique à mon souvenir, quand je lui parlais de mon affaire, il ne parut pas étonné plus que ça. Et sur le ton de la plaisanterie, conclut qu'il devait s'agir d'une coincidence.

Mais les jours suivants, beaucoup d'amis me firent part d'expériences similaires. Nous décidâmes de nous assembler et nous résignâmes à embaucher un détective privé. Au début l'homme nous  pris pour des fous. Ce n'est qu'une semaine plus tard, que je reçus un coup de téléphone, très tard dans la nuit. C'était lui, et il me dit simplement:

-A présent je vous crois. Rendez-vous  immédiatemment à >adresse d'un bâtiment désaffecté dans zone industrielle< et vous comprendrez. Ne cherchez plus jamais à me parler. Adieu.

Raccroche. En deux temps trois mouvements je m'étais habillé. Sans même avoir prévenu qui que ce soit, au beau milieu de la nuit en pleine zone industrielle, je me trouvais.

Rien de spécial. Je m'apprêtais à rentrer en maudissant le privé qui croyait -je le jurai sur le moment- à tort, nous soutirer aussi facilement de l'argent, quand j'entendis quelque part un bruit comme un ronronnement de moteur. Comment ne l'avais-je pas plutôt remarqué? A présent je l'entendais si bien, je m'avançais et découvrais une petite porte, mal fermée. Sans doute un coup du détective. Silencieusement. Aussi discret qu'un ninja. Je rentrai.

Quelle surprise. Devant moi, des machines et des tapis roulants. Pas besoin d'être un expert pour comprendre ce qu'on y fabriquait. Des robots! Mais pas des robots classiques. Non. Des androïdes, traits pour traits, comparables aux humains. Et le plus étonnant, j'en reconnaissais quelques uns, adossés, contre le mur, qui correspondaient à cent pour sang à mon fameux vendeur préféré.

Sidéré je criais un «Ah!» qui résonna dans l'usine. Ue lumière rouge  s'alluma, une allarme stridente, Paniqué je courus. La voiture. La maison. La longue attente dans les ténèbres et enfin les rayons du matin.

Je ne parlais à personne de cette affaire. Les jours se passaient et peu à peu, comme rien ne m'arrivai, j'oubliais. Et un jour où j'étais particulièrement courageux. Je me rendais au supermarché. Mais j'eus beau chercher, impossible de retrouver mon vendeur préféré.


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