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E-critures
27 août 2007

Une histoire de robot

Jeudi soir, un homme devant ma porte. Dans sa main une bien curieuse valise. Je regardais de mon balcon, caché derrière mon rideau. Les lumières allumés je ne voulais surtout pas qu'il me surprenne. Puis il disparut de mon champ de vision. Pendant quelques minutes plus rien. Rien du tout, trop de rien pour que la situation soit normale. Pris d'un terrible doute, je tirais violement mes rideaux et je comprenais subitement l'horrible vérité, dans une autre dimension, ils avaient réussi à me transporter. Les râclures, les salauds. Profiter d'un instant de faiblesse, pour sur mes genoux s'acharner avec des crosses. Déjà l'oxygène commençait à me manquer.

Mon dernier espoir, le robot de bord, I.A. du vaisseau, on l'appelait monsieur le comte.

-Monsieur le comte, n'y a-t-il aucun solution pour que je puisse continuer à vivre?

Le repos ne répondit pas tout de suite. Il était sage. Et préférait toujours différer une réponse même si  à cent pour cent sûr il en était.

-Aucun chance, toute l'humanité a disparu, un coup des Zorg, les autres membres de l'équipage sont tous morts.

-Ah!

Il ne savait quelle était la plus mauvaise de ces deux nouvelles. D'un côté plusieurs millions de milliards de morts et de l'autre une trentaine de personnes. Mais ces derniers étaient aussi humains, les seuls qu'il connaissait.

-Je suis un loup garou.

-Non vous êtes un humain.

-Je suis un soldat.

-Non vous êtes humain.

-Je suis chinois.

-Non vous non vous êtes chinois.

Le programme de censure du bon travail. Tiré d'affaire, car dans ce cas:

-Combien de chinois ont survécu.

-Un seul.

-Qui est-ce?

-C'est vous.

-Ah.

-Combien de chance de m'en sortir.

-Qui parle?

-Toutes les chances sont de votre côté.

Voilà il était rassuré car le programme jamais ne se trompait. Cinq minutes plus tôt, alors qu'ils jouaient aux cartes, quand John avait demandé : «à ton avis qu'est-ce qu'on fera dans trois minutes» il avait répondu «vous allez tous crever» et ils s'étaient tous mis à rigoler.

En train de faire la cuisine il commençait à comprendre à quel point la disparation des autres membres de l'équipage nuirait à son équilibre. Réduire les portions sinon cruellement grossir il allait. Mais pas de paquet pour une personne. Toujours plats pour trois ou quatre convives.

Le désespoir. La tête dans les mains il se voyait déjà condamné à des assiettes entières de pâte s'enfiler. Vomir dans les toilettes. Non qu'avait-il fait pour mériter çà?

C'est au moment où il alluma la console qu'il comprit toute l'étendu de son malheur : à partir de maintenant il ne jouerait plus qu'avec l'ordinateur.

-Où est la planète habitée la plus proche?

-Recherche en cours. Ah voilà, la planète Terre.

-Quoi? Des survivants.

-Non pardon me suis trompé.

Encore de l'humour de robot. Ne se trompent jamais alors jouent à le faire, quand ils sont ensemble trop rigolent de voix mécaniques. Vexé, ça l'avait. Puis se dit et dit:

-Y a plus d'humains d'accord, mais y a plus de robots non plus.

-Ah c'est vrai ça. L'arme des Zorg leur a pété à la gueule, donc de toutes les créatures vivantes il ne reste plus que nous.

-Tu vis toi?

-J'ai peut-être une carapace de métal, mais j'ai un coeur. Sensible tu sais. Ca bat dans mon processeur...

-Désolé.

-...beaucoup plus longtemps que chez toi.

Encore de l'humour de robot. Impossible de dire pourri car une minorité. Lui aussi d'ailleurs. Néanmoins à égalité. Dans les affaires où contre une minorité on portait plainte, les minorités gagnaient toujours.

-Pourquoi sommes nous les seuls à avoir survécu?

-Une seule explication : nous sommes les élus.

-Qu'est-ce qu'on doit faire?

-Je sais pas, qu'est-ce que t'aimes bien faire dans la vie?

-Tuer des gens. C'est pour ça que dans l'armée je me suis engagé. Attends j'ai une idée.

Le robot eut beau dire non non non, la hache  dans sa tête.

Planté(e).

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